Plusieurs programmes de recherches s’inscrivent dans les axes de Ressources, trois groupes d’actions composent les activités du groupe de recherche :

Les actions de recherche pour lesquelles Ressources est mandataire.

Les actions de recherche pour lesquelles Ressources est partenaire auprès d’autres établissements.

Dans ce cadre, Ressources vient en appui d’autres unités de recherche du territoire ou au plan national.

La chaire partenariale « Habitat du futur ».

À la recherche des territoires du possible.
Résistances, initialité, archaïque

Responsable scientifique : Stéphane BONZANI
Enseignants chercheurs de Ressources : Marc-Antoine DURAND, Simon TEYSSOU
Financé par la Caisse des Dépôts

Les incertitudes qui touchent au devenir des territoires contemporains inscrivent ceux-ci dans une crise profonde qui affecte tout autant ceux qui y habitent que ceux qui, comme les architectes, les urbanistes, les paysagistes se proposent de les transformer.

En même temps qu’elles fragilisent les territoires, ces nouvelles conditions d’incertitude et de désorientation voient conjointement l’émergence, peut-être la résurgence, de pratiques de recommencements, de reprises, de réinitialisations. Par-là nous pensons à un champ très large de démarches qui proposent de répondre à l’incertitude et à la complexité du monde contemporain par la reprise du geste de bâtir dans sa dimension archaïque. Ces pratiques d’initialité prennent des formes très diverses et s’expriment dans des milieux variés : réactivation de figures d’installation archétypales, reprise du geste primitif du « construire », approche phénoménologique et redéfinition de l’architecture comme fabrication d’atmosphères, réinvestissement de la matière première et de sa mise en œuvre, ressourcement par des nouages à la nature dans sa double dimension physique et symbolique.

L’hypothèse soutenue dans cette recherche est que ces ruses de l’initialité, loin d’une régression, d’une approche rétrograde, en même temps qu’elles
« font boussole » en proposant des actions simples, visent toutes à résister à des puissantes formes de déliances, de découpages, de dissociations qui fragilisent les milieux habités. Ces déliances, à l’œuvre tant dans les modes d’action que dans les modes d’intelligibilité des milieux, entrent en conflit avec les alliances et les nouages fondamentaux nécessaires à l’acte de bâtir et aux pratiques habitantes. Le geste archaïque, c’est-à-dire initial (arkhè), inaugural, viserait ainsi à se réapproprier ce moment privilégié, en-deçà des divisions et des partages, qu’ils passent entre les établissements humains et le substrat géographique, ou entre les diverses dimensions biologique, psychique, sociale, symbolique et culturelle de l’habitation. Se dessine ainsi une forme alternative, mais peut-être finalement primitive et essentielle, de l’intelligence territoriale, certes loin des smart cities, mais engageant une relation au monde plus créative et plus originaire.

POPSU « Faire métropole »

Responsables scientifiques : Hélène MAINET (UMR Territoires), Géraldine TEXIER-RIDEAU (Ressources)
Enseignants chercheurs de Ressources : Amélie FLAMAND, Jean-Dominique PRIEUR, David ROBIN
Financé par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA) / Clermont Auvergne Métropole

Le programme POPSU METROPOLES, qui implique 15 métropoles françaises dont celle de Clermont Auvergne, s’est donné pour objectif d’interroger les relations que nouent les métropoles avec « les autres », territoires et acteurs du proche et du lointain.

À travers ce projet qui vise à réunir et faire interagir treize chercheurs issus de Ressources et de l’UMR Territoires (UCA, ESC, Agroparitech, Vetagrosup) avec les services techniques de la Métropole et les élus locaux, il s’agit de construire collectivement une “boîte à outils collaborative”, à partir de laquelle pourront se structurer des dispositifs aptes à faire métropole inclusive, par le territoire et avec les autres.

Dans le projet proposé, dix recherches réparties suivant trois axes thématiques ont été identifiées comme enjeux stratégiques pour le développement de la Métropole clermontoise.

L’axe 1 – Faire Métropole au loin : grand angle pose la question de la représentation de la Métropole depuis et vers l’extérieur. Deux recherches abordent ces questions par le prisme des indicateurs d’attractivité d’une part, des logiques de visibilité, entre labellisations et principes d’alliances par réseaux, d’autre part. En convoquant la grande échelle, il s’agit aussi de montrer les incidences directes de ces collaborations lointaines sur le territoire local en matière de projets et de pratiques des espaces par des publics variés (résidents/non-résidents).

L’axe 2 – Faire Métropole avec ses territoires voisins :
spécificités et solidarités s’attachera, à travers quatre recherches, à définir les types et le degré de collaborations menées par les services métropolitains pour répondre aux enjeux contemporains d’accès à une alimentation saine ou encore aux soins, dans des systèmes de circuits courts. Cet axe entend aussi comprendre comment peuvent se construire par le projet architectural, les mutations des pratiques agricoles et des paysages associés, dans les territoires ruraux.

L’axe 3 – Faire Métropole par ses marges urbaines :
laboratoire métropolitain entend porter un regard “bienveillant et éclairant” sur les espaces et les pratiques des bords de ville, exploration singulière pour mesurer la capacité à faire métropole à partir de centralités décalées. Par l’histoire (de l’entre-deux villes »), l’exploration des espaces existants (Le strip et ses espaces ouverts) et des projets en cours (quartier saint-Jean), trois recherches décryptent le potentiel des marges clermontoises orientales, à partir desquelles peuvent s’expérimenter et se fabriquer de nouvelles pratiques métropolitaines.

Cette collaboration entre acteurs et chercheurs doit aussi permettre de renouveler les approches et les modes opératoires, la recherche se donnant à voir in itinere au sein de plateformes locales de la fabrique métropolitaine. Deux outils (vocabulaire de la métropole / marches) ont été prioritairement retenus pour permettre de faire vivre la plateforme clermontoise. Des rencontres régulières autour des mots (les voyages sémantiques) et des marches (les voyages initiatiques) permettront de documenter la métropole, de rendre compte des recherches en cours, mais aussi de mettre en débat et de partager avec les différents acteurs du territoire. Dans cet esprit, un événement inaugural Documenter pour faire métropole. Description, narration, prospection : quels outils ? s’est déroulé le 6 avril 2019, à l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand.

Réhabiliter par l’intermédiaire de matériaux Biosourcés et géosourcés

Responsable scientifique :  Jean-Philippe COSTES

Les questions qui constituent les points de départ de cette recherche initient une méthodologie de travail qui s’appuiera sur l’analyse de projets en réhabilitation ou construction neuve dans lesquels une part conséquente de matériaux biosourcés a été mise en œuvre.

Un bilan du projet sera établi à propos des matériaux et systèmes constructifs lors de la mise en œuvre. Au vu des impacts environnementaux et énergétiques majeurs du secteur du bâtiment, une approche low-tech portant sur l’emploi de matériaux bio/géo-sourcés, d’orgine locales peut-elle contribuer à apporter des réponses aux crises environnementales et énergétiques ? Ces réponses s’inscrivent-elles dans un périmètre de confort et de durabilité de l’habitat en conformité avec les attentes de l’usager ? Quels sont les impacts des systèmes constructifs bio/géo-sourcés au niveau économique (coût de la construction et coût en usage, économie circulaire), en termes de ressources (matériaux et filières locales, sociales et culturelles). Ces impacts se mesurent-ils de façon spécifique dans la construction neuve et en réhabilitation ? Ce projet interpelle des domaines abordés notamment dans le projet de chaire Habitat du futur. Des recoupements seront à effectuer dans les méthodologies et les approches menées.

Effet de serre. Techniques et imprévisibilité

ÉVALUATION DE L’ILÔT ACHARD-BLANQUI-ESTRANGERS ET RETOUR SUR UNE OPERATION DES ANNÉES 1980.

Responsables scientifiques : Amélie Flamand, Rémi Laporte
Financé par le Plan Urbanisme Construction Architecture (PUCA)

Cette recherche, réponse à l’appel à proposition « Évaluation des immeubles à ‘cour couverte’ » lancée par le PUCA en 2016, s’attache à évaluer le bâtiment “D” de l’îlot Achard-Blanqui-Estrangers à Bordeaux conçu par l’agence ANMA, livré en 2015, aussi appelé Origin Nativ. Opération que nous mettons en résonance avec une opération livrée en 1984 par Christian Devillers et l’AUA à Saint-Étienne.

À travers l’évaluation de cette opération contemporaine, l’équipe de recherche creuse une série de questionnements liés aux enjeux de l’expérimentation en architecture suivant deux axes.

Celui des logiques de conception qui irriguent l’expérimentation. Quelles sont les “compensations” offertes par l’architecte pour avoir le droit de déroger à une réglementation ? Quelles sont les incidences du processus d’expérimentation sur la conception du projet ? Les expérimentations plus anciennes (phalanstère au XIXe ; opérations des années 1970-1980) sont-elles mobilisées comme référence ? Création et stratification des savoirs sont-ils compatibles ?

Celui des enjeux et des conditions de l’expérimentation dans le logement collectif. Les opérations antérieures relevaient du logement social.
Aujourd’hui, l’opération choisie à Bordeaux relève de la promotion privée : est-ce un élément prépondérant dans la réception, la représentation, les pratiques et usages de cette architecture par ses habitants ? La complexité des opérations de logements et la multiplicité des interférences laissent-elles plus de marge / de jeu à l’imprévu, à l’inattendu et cela, des intentions d’origine jusqu’au temps de l’évaluation ? Les qualités d’habiter et le “climat” peuvent-ils être appréhendés à travers la seule réflexion sur l’innovation technique ?

Cette évaluation qualitative porte un regard à la fois transcalaire et diachronique sur l’opération étudiée et sur ses différents contextes. Ceci implique de multiplier les modes d’enquête de terrain (analyse architecturale, analyse documentaire, entretiens et observations, relevés habités, photos, parcours commentés) et de croiser des compétences d’enseignants-chercheurs de différentes disciplines : sociologues, architectes (champs TPCAU et STA). Le protocole proposé tient ainsi compte des acteurs et de leurs pratiques des espaces habités, des formes spatiales et des modes de représentation mais aussi des ambiances et du confort.

Cette recherche est menée en partenariat et en collaboration avec une équipe de l’ENSA-Paris Belleville/IPRAUS, qui travaille pour sa part sur une opération dans la périphérie de Rennes, à Chantepie, conçue par l’agence Hauvette et associés/Atelier Champenois.

Rue des Kebabs

Responsable scientifique : Catherine GAUTHIER
Financé par la DRAC et la Région Auvergne-Rhône-Alpes

Les commerces de détails dans les centres-villes des petites villes à partir de l’exemple des kebabs.

À travers une analyse sociologique il s’agit de comprendre les phénomènes et représentations liés au développement et l’évolution des restaurants kebabs dans 5 villes de la région AURA.

Cette recherche-action porte sur la place de ces établissements à la fois en tant qu’objet urbain et lieu commercial, de leur clientèle, des usages et pratiques urbaines qui s’y associent, dans les quartiers populaires et leur développement urbain et social.

Ce projet a obtenu un premier financement de 6000 euros de la part de la DRAC et la Région AURA dans le cadre de l’appel à projet Mémoires du 20e et du 21e siècle de la DRAC et la Région avec un projet de documentaire adossé à la recherche ethnographique, intitulée « Rue des Kebabs » ainsi que les actions culturelles qui y sont associées : expositions, conférences, plateaux radio…

Site Ressources :

« Rue des Kebabs » est un documentaire réalisé par Catherine Gauthier, socio-anthropologue, photographies Sandrine Binoux, son Dan Charles Dahan, montage Carla Neff assocation « A l’œil nu » ©RESSOURCES/ENSACF – Tous droits réservés 2020.

Ce documentaire s’articule à un travail de recherche socio-architectural conduit au sein du laboratoire de recherche Ressources de l’ENSACF et de l’UCAA. Le film comme le programme de recherches actions culturelles « Rue des kebabs » ont été réalisés pour partie dans le cadre de résidences à la Villa Sabourain de l’Ecole Nationale Supérieure de Clermont-Ferrand en juin 2019 et juillet 2020. Ils ont été restitués en novembre 2019 lors de la semaine de l’image à l’ENSACF avec une présentation photographique et un teaser de 4 mn et en Janvier 2021 sur la chaine YouTube de l’école avec un premier court métrage intitulé « Rue des kebabs ». L’ensemble du programme de recherche actions culturelles bénéficie  du soutien de l’appel à projet « Mémoires du 20ème et du 21ème siècle » financé par la DRAC et la Région Rhône-Alpes en 2019 et 2020.

 

Synopsis :

Au fil des rues marchandes des quartiers populaires des centre ville, de Saint-Etienne, Clermont-Ferrand et Montluçon en région Rhône-Alpes, ce film cherche à interroger et croiser les différents regards portés sur ce qu’on appelle la « rue des kebabs ».

Il tente de saisir les modes d’usage de ces lieux de consommation et de sociabilités ordinaires, tout en s’efforçant de comprendre comment ces commerces participent à la dynamique économique, sociale et co-construisent l’image de villes pleine mutation.

Là où est désigné un trouble de l’ordre publique, esthétique, social, culturel-  le film essaie de restituer l’ordre de ces rues :

– Un ordre (cohésion sociale) qui relève plus de la veille sociale et du maintien de lien de sociabilités dans des quartiers défavorisés ou malmenés par les démolitions-reconstructions où il fait généralement défaut. On y relève une mixité sociale plus réelle qu’ailleurs, même dans les grandes enseignes de fast food qui ne proposent pas de viande Hallal par exemple. En milieu semi-rural, le kebab reste également le signe du vivant, de la rencontre, de la convivialité, de la présence de la jeunesse.

 – Un ordre public celui de la régulation du désordre dans les usages de la rue, qui canalise la délinquance par une veille aux jours et heures les plus creuses des quartiers populaires et petites villes de nos campagnes. Un code moral s’impose également au sein des ces commerces à la conduite des client-e-s, variable selon les temporalités.

– Un ordre commercial et de services : celui du libéralisme et de la concurrence par concentration, celui de l’ubérisation et de la dématérialisation de la consommation. Par ailleurs, si les enseignes crachent une lumière crue, c’est bien souvent la seule à demeurer allumée les dimanches, jours fériés et au cœur de la nuit. L’animation de l’espace public est ainsi fortement liée à leur présence, ouverture, fermeture.

– Un ordre urbain et ou architectural : celui de pas-de-porte ouverts, de rez-de-chaussée assurant une certaine vitalité pour l’immeuble qu’il supporte, dans des territoires peu denses, particulièrement en quartier sensible, subissant une décroissance urbaine et économique. Ils dessinent dans l’espace urbain les axes d’une consommation singulière et d’une clientèle mobile et variée, tendus entre l’hypercentre, ces centralités populaires et les périphéries et marges urbaines.

 

La méthodologie :

Trois rues, axes urbains, reliés à l’hyper centre, ont fait l’objet d’investigations ethnographiques et de collectes photographiques et sonores: Rue Antoine Durafour à Saint-Etienne, boulevard Trudaine et avenue Charras à Clermont-Ferrand et avenue de la République à Montluçon.

D’autres centralités doivent être étudiées en phase deux dans le département de la Loire à Boën et dans le Puy de Dôme à Ambert, ou encore à Commentry dans l’Allier et faire l’objet d’un second court métrage en 2021.

Nous avons procédé à l’analyse du discours de commerçants, d’aménageurs et de membres des collectivités locales mais aussi des riverains, entrepreneurs et clients de ces établissements à partir d’entretiens formels misant sur les compétences et expertises du quotidien de ces différents acteurs. Des ateliers de réécoutes et visionnages du premier court métrage réalisé, devaient se faire sous forme d’ateliers avec des scolaires et des étudiants mais la crise sanitaire en a décidé autrement.

Ce projet de recherche se décline en effet en actions culturelles et pédagogiques, expositions, conférences, plateaux radio… dans chacun des territoires étudiés, visant un public hétéroclite. La forme du documentaire nous permet de répondre à la logique d’une  « anthropologie partagée » expression utilisée par Jean Rouch reprise ici pour désigner la posture assumée de l’anthropologue qui soumet ses résultats à ses interlocuteurs, aussi variés soient-ils : le décideur, l’aménageur, le financeur, le commerçant, l’habitant, l’usager, le client, le touriste, l’éducateur, l’animateur ou le représentant associatif, l’électeur…

Le temps long de l’enquête et de la réalisation permet à l’équipe filmique de se constituer autour du sujet et à l’anthropologue de mieux identifier son objet, d’en préciser les contours et d’en repérer les enjeux sous-jacents, de multiplier les occasions de réflexivité et d’évaluer son rapport au terrain, les enjeux de politique urbaine, les jeux d’acteurs, les rapports de domination et les réseaux de sociabilité à l’oeuvre.

Nous tenons à remercier pour leur collaboration les commerçants et clients des kebabs, sandwicheries et autres établissements photographiés ainsi que les jeunes de l’ANEF Loire : A Saint-Etienne, le Snack Saint-Roch, Exo Pizza, Original Food, Le Kasseria, Super Market, Salon De Kebab, John Slim Chicha, Deer Kebab ; à Clermont-Ferrand Le Classico, Le Carthage, Le 29, Royal Kebab, Le Mevlana, Café Istanbul, Chez Mouss, O’swim, Les Marchés De Max et Lucie, King Naan Cheese, King Phone ; à Montluçon le Donya Kebab, La brasserie de l’Europe, Le Prestige , Le Dauphin D’or, Restaurant Antalya, Royal Pizza, Dastan Kebab.

Merci à Sam Poulange et Maxime Cavaud, Moufida Khessiba, Thomas Benoit de COOP ROCH, pour leurs témoignages. Merci à Lorette Klepper et Jacques Pouillet de l’ENSACF, Pascal Kir de l’ANEF Loire, Jean François Valleix du LEGT Mme De Stael, Claire Autant Dorier de l’Université Jean Monnet Les Archives municipales de la ville de Saint-Étienne, l’association TRACES, le séminaire image animée du Centre Max Weber, les collectifs COOP ROCH et CARTON PLEIN, l’ANEF Loire et la JETÉE pour leur collaboration active.

 

En complément :

Emission réalisée sur Radio Dio, radio associative située à Saint-Etienne, le 18 décembre 2020 dans le cadre de la biennale Traces à l’occasion de ses 20 ans.

Un premier aperçu des thématiques de recherche et du film a été réalisé en 2019 dans un teaser de 4 min visible sur vimeo (https://vimeo.com/415183505 mot de passe : kebab1922)

 

Écouter le podcast « Est-ce que c’est la rue des kebabs ? la question se pose ! »

Thiers 2025

Responsable scientifique : Nicolas DETRY

Située dans le parc naturel du Livradois-Forez, Thiers est une commune d’environ 12.000 habitants, dont la principale activité économique est depuis le XIIe siècle la coutellerie. La vieille ville historique, construite à flanc de montagne, bien que touristique, est victime de « désertification » et d’une dégradation importante de son habitat.

Le projet « Thiers 2025 », lié directement au thème de « la revitalisation des centres mineurs », consiste en une « recherche – action » ; l’idée est de monter un « laboratoire de revitalisation urbaine » à travers la pédagogie, la recherche et l’expérimentation. Ce laboratoire ou centre de revitalisation urbaine sera installé dans un édifice ancien situé dans le « secteur sauvegardé » de la ville de Thiers. Pour ce faire, un ensemble de plusieurs maisons, jouxtant l’église Saint-Genès, a été identifié et désigné par le Maire de la commune comme lieu possible pour accueillir les activités liées au projet « Thiers 2025 ». L’un des objectifs est que ce groupe de maisons soit l’objet d’un chantier-école finalisé à sa progressive restauration et mise en valeur. Les travaux de restauration et d’aménagement de cette « maison-centre » seront attentifs aux bonnes pratiques en termes de : écologie au sens large, théories et pratiques de la conservation / restauration du bâti ancien, intégration du projet dans un contexte social et urbain singulier, etc. Si le projet « Thiers 2025 » part d’un objet concret (une maison d’un centre bourg à rénover), la stratégie de recherche pour sa réalisation est forcément multi scalaire et pluridisciplinaire. La chaire « Habitat du futur », portée à l’ENSACF par Jean-Baptiste VIALE, aura un rôle important à jouer dans ce projet. Le champ STA sera aussi un point d’appui fondamental en termes d’enseignement et de recherche.

Suite à une première rencontre en mars 2018, avec le Maire de Thiers, le représentant du service « culture » de la ville et la direction de l’ENSACF, une autre réunion – dite COTECH (comité technique) -s’est déroulée en janvier 2019, afin de réfléchir au contexte, au sujet et aux objectifs du projet « Thiers 2025 ».

La présentation de ce projet a été inspirée du séminaire d’architecture organisé par l’architecte Bernard Quirot et l’association « Un avenir radieux » pour le village de Pesmes, en Haute-Saône, qui entend contribuer à la « …transformation du centre historique de Pesmes de manière à lutter contre la désertification en réponse à l’excès de concentration de population et de richesse dans les métropoles… » (Bernard Quirot, 05/2019).

À la rentrée de septembre 2019, il s’agira d’effectuer la rédaction des objectifs et de la méthode du projet « Thiers 2015 » et d’organiser une équipe de travail.

Smart french

Référent Ressources : Shahram Abadie
Enseignants chercheurs de Ressources : Amélie FLAMAND, Rémi LAPORTE
Financé par le Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère (BRAUP)

Le logement collectif du second XXe siècle au prisme de l’énergie.  

Ce projet est l’un des cinq lauréats du premier appel à projet, lancé en 2016 par le BRAUP pour la valorisation du patrimoine architectural du XXe siècle. Il fédère, sous la coordination de Raphaël Labrunye, directeur de l’ENSA de Normandie, une dizaine d’enseignants-chercheurs des écoles d’architecture de Bretagne, de Bordeaux, de Normandie, de Nantes et de Strasbourg, ainsi que des chercheurs d’autres institutions comme la Vrije Universiteit de Bruxelles et la Soufflerie Eiffel. Shahram Abadie, Amélie Flamand et Rémi Laporte font partie de cette équipe de recherche.

Répondant au « Hard French » de Bruno Vayssière, Smart French a pour objectif de construire une connaissance approfondie du parc des ensembles de logements collectifs produits après la seconde guerre mondiale. Hormis quelques opérations labélisées patrimoine du XXe siècle, ces architectures sont considérées, sans distinction, comme obsolètes et susceptibles de réhabilitations lourdes, voire de démolition. La recherche interroge une telle vision globalisante à travers des analyses quantitative et qualitative aussi bien du point de vue de l’histoire urbaine et architecturale que celui de l’ingénierie (dispositifs constructifs, maîtrise des ambiances, science des matériaux). Elle ambitionne de proposer de nouvelles approches dans le traitement de ce patrimoine, prenant appui sur ses qualités et potentialités. Pour ce faire, dans la suite des travaux précédents, une base de données a été constituée pour renseigner environ 300 opérations de logements réalisées à travers la France, entre 1940 et 1980, et publiées dans les revues d’architecture de l’époque. Cet outil permet de repérer les grandes tendances, les récurrences et les innovations dans la conception et réalisation de ces objets architecturaux et urbains. L’enjeu méthodologique de cette recherche réside dans l’élaboration d’une approche adéquate du corpus dépassant tant l’étude de cas que la typomorphologie, pour se rapprocher de l’histoire ou de l’étude sérielle expérimentée par Pierre Caunu dans les années 1960.

Le projet comprend aussi un volet d’expérimentations pédagogiques articulant, dans quelques établissements partenaires, l’enseignement et la recherche, aussi bien au sein de l’atelier de projet qu’à travers des stages recherche et des mémoires de master. Une Journée d’étude organisée en septembre 2018 a permis de soumettre les travaux en phase de finalisation au regard critique des experts et des conseillers scientifiques du projet. Le rapport final a été rendu été 2019. Un blog https://smartfrench.hypotheses.org rend compte de l’avancement des recherches.

HENSA 20

Référents Ressources : Sharam Abadie, Bénédicte Chaljub, Gwenn Gayet-Kerguiduff, Mathilde Lavenu, Géraldine Texier-Rideau
Financé par le Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère (BRAUP)

HEnsA20 se propose de contribuer à l’élaboration d’une synthèse historique de l’enseignement de l’architecture en France au XXe siècle.

Piloté par l’École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, coordonné par le Comité d’histoire du ministère de la Culture, le programme HEnsA20 se propose de contribuer à l’élaboration d’une histoire de l’enseignement de l’architecture en France au XXe siècle. Ce projet se développe sur cinq années (2016-2020) et associe de nombreux partenaires institutionnels ainsi que les vingt-deux écoles nationales supérieures d’architecture.

Cette recherche explore le XXe siècle en couvrant plus précisément la période chronologique qui s’étend de 1903, date de la création des écoles d’architecture en province par décret du 23 janvier, jusqu’en 2005, date de la mise en place du LMD (licence-master-doctorat).

Ancré dans un siècle marqué par de profonds bouleversements, HEnsA20 ambitionne d’examiner les dimensions doctrinales, professionnelles, territoriales et politiques de l’enseignement de l’architecture. Dans ce cadre, les questions de pédagogie, comme celle de l’architecture des lieux et de l’histoire des structures mais aussi de la recherche sont traitées. Les archives écrites et les archives orales sont mobilisées comme autant de sources permettant d’éclairer les contenus et la diversité des cours dispensés, les productions inhérentes aux enseignements du projet d’architecture réalisées en atelier sans oublier les outils mobilisés, tant pour leur dimension matérielle, patrimoniale, que les fondements conceptuels et théoriques sous-jacents.

Le programme est ponctué de rencontres annuelles. En 2018, un colloque a été co-organisé par l’ENSA Clermont-Ferrand et l’ENSA Saint-Étienne.

Plus d’informations :
https://chmcc.hypotheses.org/2544

Anachrup

Référente Ressources : Géraldine TEXIER-RIDEAU

Programme pluridisciplinaire lancé en 2016 et porté par Saulo Neiva, directeur du Centre de recherches sur les Littératures et la Sociopoétique (CELIS / UCA 4280), ANACHRUP interroge l’anachronisme comme rupture épistémologique : enjeux esthétiques et méthodologiques.

Ce projet de recherche international qui rassemble des chercheurs en littérature et en histoire et théories des arts et de l’architecture, entend comprendre les enjeux, mesurer les effets et définir les méthodes propres à l’analyse d’œuvres (littéraires, artistiques, architecturales) dont les choix esthétiques ou idéologiques de leurs auteurs ont été jugés en décalage temporel avec leur temps, donc qualifiés d’anachroniques. En retraçant le parcours d’artistes dits inclassables et l’interprétation de leurs œuvres « prises dans un montage de temps hétérogènes », le projet entend réhabiliter des procédés jugés caduques qui, réactivés à partir d’un tout autre contexte historique et socioculturel, trouvent un présent. Au cours de la période 2016-2018, trois manifestations scientifiques ont réunis à la Maison des Sciences de l’Homme, des chercheurs dont une dizaine issue de l’Université Clermont Auvergne, de l’École nationale supérieure d’architecture et de l’École d’Art de Clermont-Ferrand. À travers une journée d’études sur les « Anachronismes contemporains » (15/06/2016) et deux colloques internationaux « artistes et œuvres anachrones : quel régime de lecture ? » (7-8/06/ 2017) et « À contretemps ? usages et enjeux des anachronismes » (12-14/11/2018), le potentiel créatif inhérent à l’anachronisme a été interrogé, chaque œuvre traversée ouvrant tout autant à une relecture du passé qu’à une réinterprétation du présent. Des actes de colloque sont en préparation aux Presses universitaires d’Auvergne.

→ Architectures anachRones et après ?

Le « montage de temps hétérogènes » comme saisie de la réalité fragmentaire

Christian Drevet (Architecte DPLG, Prof TPCAU) interroge la ruine, la trace, l’évocation, le principe de remémoration, l’utopie, le futurisme, la déconstruction, la morphogenèse, l’hybridation comme autant d’outils créatifs de l’architecture contemporaine, nés de mises en situations d’anachronisme.

→ Les anachronismes constructifs dans l’architecture du logement collectif contemporain

Rémi Laporte (Architecte DPLG, Maître de conférence TPCAU, doctorant) montre la part de paradoxe dans la construction de logements collectifs contemporains, entre exigence de performances énergétiques et emploi de techniques de construction plus anciennes et élémentaires, réinterprétées ou détournées de leurs emplois initiaux.

→ Projeter avec l’existant : (re)considérer l’anachronisme en architecture

Mathilde Lavenu (Architecte DPLG, Maître de conférences TPCAU, doctorante) convoque l’anachronisme comme potentiel poïétique et heuristique dans la création architecturale qui investit le champ patrimonial.

→ Les pré-urbanistes français face à l’héritage (1890-1919).

Relectures et réinterprétations pour capter l’esprit de la ville

Géraldine Texier-Rideau (architecte et docteure en histoire urbaine), se penche sur la réflexion des pré-urbanistes français (1870-1919), dans le Paris de 1900. Passé, présent et futur sont simultanément convoqués pour fabriquer une forme de présent intemporel au travers duquel le mythe de la ville universelle ne cesse d’être réalimenté.

Heritage care

Référente Ressources : Mathilde Lavenu
Financé par le Fonds européen de développement régional (FEDER)

HeritageCARE, programme européen tripartite (Portugal, Espagne, France), ambitionne l’élaboration d’une méthodologie intégrée et durable de surveillance et de conservation préventive du patrimoine de l’Europe du Sud-Ouest.

HeritageCARE est un programme européen qui ambitionne l’élaboration d’une méthodologie intégrée et durable de surveillance et de conservation préventive du patrimoine pour l’Europe du Sud-Ouest. Dirigé par l’Université de Minho (Portugal), ce projet de trois ans (2017/2020) implique huit partenaires bénéficiaires et onze partenaires associés.

Dans ce cadre tripartite (Portugal, Espagne et France), le consortium français est porté par l’Université Clermont Auvergne (Institut Pascal) et l’Université de Limoges (Centre Universitaire de Génie Civil) et associe l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand et des acteurs du patrimoine (architectes praticiens, entreprises spécialisées, DRAC Aura, Fondation du Patrimoine).

Par ses travaux, ce groupement contribue à l’élaboration d’approches innovantes et de stratégies communes de conservation préventive du patrimoine bâti historique et culturel européen.

Si l’objectif principal du projet HeritageCARE est la définition d’une méthodologie commune, intégrée et durable, pour la maintenance et la surveillance préventive du patrimoine bâti, HeritageCARE a également pour mission de sensibiliser le public aux bénéfices sociaux et économiques inhérents à la conservation préventive des bâtiments historiques mais aussi d’associer directement les propriétaires et les acteurs patrimoniaux aux processus préventifs de conservation pour garantir la transmission de ces biens culturels.

HeritageCARE est un projet cofinancé par le Fonds européen de développement régional (FEDER) et par le programme Interreg-SUDOE.

Plus d’informations : http://heritagecare.eu/

Matérialisation des utopies

Confection d’un ouvrage collectif pluridisciplinaire traitant de la matérialisation des utopies. (Parution prévue en janvier 2020 sur les Presses Universitaires Blaise Pascal)

Responsable scientifique : Collectif MU1

Le travail porte sur les modes d’existence des utopies aujourd’hui et leur matérialisation.

→ L’utopie, un objet non circonscrit, voire ambivalent

La principale ambivalence de l’utopie est précisément son rapport à la matérialisation elle-même.

→ Le travail en commun

La méthodologie de travail mise en œuvre est ouverte et conflictuelle. Elle est basée sur la capacité de travailler sans accords préalables, dans un champ mal balisé, en cherchant un point de stabilité entre plusieurs modes d’appréhension mis en tension.

→ Comment circuler dans un objet sans bords

Notre travail en commun a conduit à l’émergence de trois postures irréductibles autour de notre sujet qui ont structuré le collectif. Ces postures ne sont pas seulement des modes d’appréhension de l’objet “utopie“, ce sont aussi des usages stratégiques de l’objet.

La première est de s’intéresser surtout à la façon dont une chose aussi intangible que l’utopie pouvait prendre corps hic et nunc pour pouvoir être partagée. Cet intérêt justifie l’existence du premier livret : les médiums de l’utopie.

La deuxième posture s’oppose à la première dans la mesure où elle s’intéresse davantage au corps, au sensible et à l’habité qu’à l’utopie appréhendée comme un idéal désincarné. Elle a donné naissance au deuxième livret : terre, source d’utopie.

La dernière posture s’appuie, quant à elle, sur l’ambivalence et le paradoxe de l’utopie. En appréhendant l’utopie en tant que vecteur, elle met l’accent sur une dynamique qui a des effets sur le réel, mais aussi sur ce qui n’existe pas en tant que chose matérielle.  Elle a contribué à l’émergence d’un troisième livret : de l’ambivalence de l’utopie face à la matérialisation.

  1. Patrick BOURGNE, MCF, Sciences de l’information et de la communication, EA 4647 Communication et sociétés; Christian DREVET, membre associé de Ressources ; Xavier FOURT, artiste et doctorant en sociologie ; Marie Hélène GAY-CHARPIN, MCF TPCAU ENSACF et architecte

Habitat du futur

Recherche & Développement centrés sur la question du logement éco-responsable, économique et adaptable.

Responsable scientifique pour ENSA Clermont-Ferrand : Jean-Baptiste Viale
Enseignants chercheurs de Ressources : Jean-Louis COUTAREL, Jean-Philippe COSTES, Simon TEYSSOU
Chaire partenariale associant les ENSA de la région AURA et les Grands Ateliers Innovation Architecture
Financé par le Bureau de la recherche architecturale, urbaine et paysagère (BRAUP)

La chaire portée par la Fondation GAIA Grands Ateliers Innovation Architecture (GAIA) sous l’égide de la fondation pour l’Université de Lyon dans le cadre du mécénat des entreprises vise à développer une expertise d’enseignement et de recherche sur des thématiques définies en partenariat avec les entreprises autour d’un concept innovant, en réponse à une question d’ordre sociétal. 

Le principe est simple : une équipe d’enseignants chercheurs ayant des liens forts avec des acteurs du monde socio-économique du bâtiment, développe pendant un à cinq ans des activités de recherche, de formation initiale et de formation continue.

La chaire a donc pour objectif :

→ de créer un lieu de réflexion autour de l’innovation, où tous les acteurs, privés et publics, peuvent se rencontrer et échanger ;

→ d’irriguer les formations initiales et continues de réflexions nouvelles et former ainsi des professionnels capables de répondre aux enjeux qui se poseront à terme.

Dans ce cadre, l’ENSA Clermont-Ferrand participe à l’élaboration des programmes dans les différentes thématiques de recherche de la chaire sur la base de projets et/ou programmes émanant de ses thématiques propres de recherche et/ou de partenariat d’entreprises articulés géographiquement entre l’expérimentation sous forme de prototypes aux Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau (Villefontaine – 38) et les essais in situ locaux (Clermont-Ferrand) sous forme de démonstrateurs.

De par la nature de son territoire entre ruralité et urbanité, les thématiques développées par l’ENSA Clermont-Ferrand au sein de la chaire « habitat du futur » sont principalement axées autour des questionnements posés par le cadre de la réhabilitation et des enjeux environnementaux des tissus urbains anciens ou ruraux (centre bourgs…) privilégiant des stratégies du « low-tech », du réemploi et de manière plus général, visant la réduction de l’impact environnemental des filières de productions du bâti (notion de cycle de vie des matériaux, énergies grises…). Cette approche pose également la question des conditions de l’exercice professionnel, de son évolution et des conséquences qui en découlent (spécificité des opérations prenant en compte un déjà existant, contexte économique, mutations professionnelles, cadre juridique, « permis de faire » …)

Ainsi, dans le cadre des axes stratégiques définis par la Stratégie nationale pour l’architecture, trois axes de recherche sont dégagés :

→ Stratégies du low-tech dans l’habitat économique écoresponsable ;

→ La réhabilitation du bâti existant en centre bourg ruraux ;

→ Les méthodologies opérationnelles et enjeux professionnels.